Par delà les murs de la prison, la parole déconfinée
Absence de parloir, d’activités et d’intervenants extérieurs… Depuis le 17 mars, le monde carcéral s’est figé. Face à un isolement sans échappatoire, l’émission de radio «l’Envolée», diffusée sur Fréquence Paris plurielle et destinée aux détenus, est devenue quotidienne.
Par delà les murs de la prison, la parole déconfinée
Depuis près de vingt ans, l’émission débute toujours de la même façon : la chanson rock – Y a du baston dans la taule – qui dépote, puis le bruit d’un hélicoptère, tellement proche qu’on dirait qu’il se pose sur votre épaule. C’est parti pour la grande évasion sur la radio associative Fréquence Paris plurielle (FPP), en région parisienne et sur une dizaine de stations locales. Tous les vendredis à 19 heures tapantes, et pendant une heure et demie, l’Envolée donne la parole aux enfermés, fait résonner les mots de derrière les barreaux jusqu’au micro. A l’antenne, une «bande de copains», comme ils se décrivent, de sensibilité libertaire et farouchement anticarcérale – ils ne ménagent pas Nicole Belloubet, baptisée «la ministre des tribunaux et des prisons» -, lit des témoignages de détenus et de leurs proches, retransmet les appels, parfois grésillants, passés en loucedé depuis les cellules. «L’Envolée, c’est une remise en cause radicale du traitement de la parole des prisonniers par le reste du monde. C’est prendre le contre-pied soit de l’absence de discours, soit de la censure, explique Pierre, 40 ans, l’un des plus anciens du collectif. Nous sommes des porte-voix.»
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